Femmes, actrices de paix: qu'est-ce qui a changé depuis 25 ans?

SOURCE | 1 day ago


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Par Terriennes

Par Isabelle Mourgere

Femmes dans une coopérative ivoirienne
Femmes dans une coopérative ivoirienne

Le 31 octobre 2000, le Conseil de sécurité des Nations unies adoptait la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité. Alors que se tient à Paris, le Forum de la Paix, deux militantes de terrain, en Côte d'Ivoire et au Niger, nous dressent le bilan, 25 ans après.

Femmes dans une coopérative ivoirienne

Le 31 octobre 2000, le Conseil de sécurité des Nations unies adoptait la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité. Alors que se tient à Paris, le Forum de la Paix, deux militantes de terrain, en Côte d'Ivoire et au Niger, nous dressent le bilan, 25 ans après.

Il y a 25 ans, l'ONU adoptait la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité. Pour la première fois, les conséquences disproportionnées des conflits armés sur les femmes et les filles, et l’importance de leur pleine participation aux processus de paix, étaient reconnues. 

Dans un contexte de tensions géopolitiques accrues, de nombreux États privilégient désormais des politiques axées sur la sécurité et la défense, au détriment de la solidarité et de la coopération internationales, comme l’illustre la suppression de l’agence USAid aux États-Unis

Partout, les femmes et les filles continuent d’être victimes des violences, y compris sexuelles. Leurs voix restent marginalisées dans les espaces de décision, rendant l’application de la résolution 1325 plus nécessaire que jamais.

Alors que se tient le Forum de la Paix de Paris, les 29 et 30 octobre, quelle place pour les femmes dans les processus de paix? Le travail au quotidien des actrices de terrain est-il assez connu, reconnu, soutenu?

Des questions que Terriennes a posé à ces deux militantes.

Deux femmes de paix

Nafissatou Idé Sadou, militante féministe nigérienne, cofondatrice de la Ligue nigérienne des droits de la femme et Directrice Exécutive de Women in Nexus. Elle œuvre depuis 7 ans pour l’inclusion des femmes et des jeunes dans les efforts de paix et de sécurité.

Irad Esther Renouel Gbazalé, enseignante ivoirienne, coordinatrice nationale du Réseau des Médiatrices de Paix de Côte d’Ivoire. Lauréate du Prix d’Excellence 2025 du gouvernement ivoirien, elle est également fondatrice de l’ONG Femme en Action, qui accueille et accompagne les survivantes de violences basées sur le genre. 

Terriennes: 25 ans après la résolution 1325 de l'ONU, qu'est-ce-qui a changé?

Irad Esther Renouel Gbazalé: Beaucoup de choses ont changé en matière d'activité des femmes dans les centres de prise de décision. Ce qui change aussi, c'est de tenir compte des cas de violences basées sur le genre. 

Malgré tout, 25 ans après, nous sommes encore en retard, mais c'est possible qu'il y ait des changements pour les années à venir. Quelques femmes ont pu maintenir la voix des femmes, mais je crois qu'il y a beaucoup de choses à faire encore.

On peut constater qu'aujourd'hui, les femmes occupent une place importante dans le sens où on les voit à tous les niveaux, dans tous les mécanismes de négociation. Nafissatou Idé Sadou

Nafissatou Idé Sadou: Il y a eu énormément de changements positifs, même quand le contexte devient de plus en plus difficile pour les femmes. On peut constater qu'aujourd'hui, les femmes occupent une place importante dans le sens où on les voit à tous les niveaux, dans tous les mécanismes de négociation. On les voit également, que ce soit au niveau local, au niveau national, mais au niveau même international, je pense qu'elles sont présentes.

La résolution 1325 a permis également de positionner l'agenda Femmes, Paix et Sécurité comme un mécanisme pouvant permettre non seulement de mobiliser des ressources pour des actions ou des initiatives en faveur des femmes, mais également de positionner les organisations féminines comme premières actrices pour lutter ou bien pour accompagner les stratégies et les politiques dans le cadre de la gestion et de la prévention des conflits. 

Elles étaient absentes dans les instances de négociation. Aujourd'hui, on voit qu'elles ne se résignent pas, même au niveau local. Elles s'engagent dans des initiatives communautaires, en zone de conflit. Elles s'organisent également pour pouvoir se soutenir et développer des initiatives en faveur des droits des femmes et également mener le plaidoyer à tous les niveaux.

Terriennes: Quel rôle peuvent jouer les femmes aujourd'hui ? 

Nafissatou Idé Sadou: Elles ont un rôle spécifique en tant que femmes parce qu'aujourd'hui, à plus de la moitié de la population, on ne peut pas construire ou reconstruire nos sociétés. 

À un moment, elles n'avaient pas conscience de leur rôle, mais aujourd'hui, je pense qu'elles sont de plus en plus conscientes du rôle qu'elles ont à jouer dans des zones de conflits et également au-delà, dans les instances de prise de décision et les différents mécanismes de prévention et de gestion de conflits. 

Nous aussi qui accompagnons les organisations à la base et également les femmes et les filles, nous essayons de conscientiser, de sensibiliser, de former pour que les femmes continuent de comprendre le rôle qu'elles ont à jouer dans des sphères aussi masculinisées ou bien dans des contextes aussi difficiles.

Les femmes sont souvent les premières à ouvrir le dialogue dans les conflits. Elles sont des actrices de cohésion. Irad Esther Renouel Gbazalé

Irad Esther Renouel Gbazalé: Il faut déjà partir à la base. Parce que celles qui sont plus dans les communautés, ce sont des femmes qui sont dans l'action, qui vivent des situations difficiles et qui les marginalisent. Il faut vraiment penser à ces femmes, les soutenir. 

En même temps, celles qui portent la voix, et qu'on peut considérer comme des intellectuelles car elles ont eu le temps de faire des études, d'avoir des diplômes, ces personnes-là sont sur le devant de la scène, elles doivent avoir à l'esprit de mentorer d'autres femmes.

Les femmes sont souvent les premières à ouvrir le dialogue dans les conflits. Elles sont des actrices de cohésion. Les associations de femmes initient des projets de réconciliation, et aussi au niveau de l'alphabétisation et de la microfinance. 

C'est vraiment important de favoriser cette intégration économique et sociale pour que les femmes soient plus nombreuses dans l'action politique. Ce sont elles qui peuvent être la voix des sans-voix, il faut qu'elles soient valorisées. Pour l'instant, elles sont encore trop sous-représentées.

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