Par AFP © 2025 AFP
Des drones ont de nouveau visé jeudi la capitale soudanaise Khartoum et son aéroport, tenus par l'armée, pour la troisième journée consécutive selon des témoins, des agences onusiennes appelant à "une action globale urgente pour stopper le conflit".
"À quatre heures du matin, j'ai entendu le bruit de deux drones passer au-dessus de nous, et peu de temps après, j'ai entendu le son de tirs de défense aérienne près de la Brigade militaire et l'unité médicale", a relaté un témoin du sud d'Omdourman.
Un autre témoin dans le sud de la capitale a rapporté avoir vu des drones se diriger vers l'aéroport, déjà la cible d’attaques depuis trois jours consécutifs.
"Après quatre heures, le bruit des drones était fort. Je les ai vus se diriger vers l'aéroport et j'ai entendu des explosions", a-t-il précisé.
Depuis mardi, l'aéroport de Khartoum, hors service depuis deux ans et sur le point de rouvrir, est en proie à des attaques de drones attribuées aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), engagées depuis avril 2023 dans une guerre pour le pouvoir contre l'armée régulière.
Sa réouverture, initialement prévue mercredi" a été suspendue "jusqu'à nouvel ordre, a déclaré à l'AFP un responsable de l'aéroport sous couvert d’anonymat.
Quatre agences des Nations-Unies, l'OIM , le HCR, l'UNICEF et le PAM, en charge de différents programmes d'aides, ont appelé jeudi à une "attention internationale urgente sur la crise au Soudan, pour répondre aux souffrances immenses et aux dangers croissants de la population".
"Plus de 900 jours de combats brutaux, de violations massives des droits humains, de famine, de rupture de services vitaux ont poussé des millions de personnes aux limites de la survie, surtout les femmes et les enfants", écrivent les quatre gences dans un communiqué conjoint.
Le texte souligne notamment l’aggravation de la crise humanitaire dans les États du Kordofan et surtout du Darfour, dans l'ouest du pays, où "des communautés entières survivent dans des conditions défiant la dignité".
Les FSR assiègent depuis 18 mois El-Facher, dernière capitale du Darfour échappant à leur contrôle. Selon l'ONU, 260.000 civils - dont la moitié sont des enfants - y sont privés de nourriture, d’eau et de soins.
La chute de la ville permettrait aux paramilitaires de dominer l’ensemble du Darfour et une grande partie du sud, tandis que l’armée conserve le centre, l’est et le nord du pays.
"Avertissement"
Au nord, malgré la reprise de Khartoum par l'armée au printemps, la capitale demeure largement dévastée, marquée par des coupures d'électricité récurrentes et des frappes de drones des FSR.
Depuis quelques semaines, le gouvernement s'efforce d'y rétablir les services essentiels, dont l'aéroport, afin de relocaliser des institutions clés depuis Port-Soudan, port de la Mer Rouge, devenue capitale de facto depuis le début de la guerre.
Plus d'un million de personnes déplacées y sont retournées au cours des dix derniers mois, selon l'agence des migrations de l'ONU (OIM).
"L'ampleur des retours à Khartoum est à la fois un signe de résilience et un avertissement", a déclaré jeudi Ugochi Daniels, directrice générale adjointe de l'OIM dans le communiqué conjoint. De retour d’une visite au Soudan, elle décrit "une ville encore marquée par le conflit, où les maisons sont endommagées et les services de base fonctionnent à peine."
Malgré des efforts internationaux pour un cessez-le-feu, les deux camps, tous deux accusés d’exactions sur les civils, restent sourds aux appels à la paix.
Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".
.png)
1 day ago
English (United States) ·
French (France) ·