(Agence Ecofin) - En Somalie, l’élevage représente 9 % du PIB et plus de 60 % des recettes d’exportation. Les autorités explorent activement de nouvelles opportunités commerciales afin de renforcer la contribution des exportations de bétail vivant à l’économie nationale.
La Somalie pourrait engranger plus de 1 milliard $ de recettes grâce à ses expéditions de bétail, d’ici la fin de l’année 2025, établissant un nouveau record sur le segment des exportations dans le secteur de l’élevage. C’est ce qui ressort des dernières projections formulées par le ministère de l’Elevage et de la Pêche, relayées par plusieurs médias locaux et étrangers.
Cette prévision, si elle se réalise, marquerait une 8e année de hausse consécutive, confirmant la dynamique de croissance observée sur la dernière décennie. Selon les données compilées par la Banque centrale du pays, les recettes tirées de l’exportation du bétail vivant ont plus que triplé, passant de 311,1 millions $ en 2018 pour atteindre 970 millions $ en 2024.

Graphique : évolution des recettes d’exportation depuis 2020
Il convient de souligner que les expéditions de bétail vivant sont composées presque exclusivement d’ovins et de caprins, qui représentent près de 90 % du nombre total d’animaux exportés chaque année.
Une conjoncture favorable à la croissance des exportations
La bonne santé de la filière sur le segment des exportations est à inscrire dans un contexte marqué par une forte demande d’ovins au Moyen-Orient, son principal débouché, et une réduction des parts de marché de ses principaux concurrents.
Il faut noter que le Moyen-Orient est le principal marché au monde pour les moutons, principalement en raison de la demande croissante dans les pays du Golfe tels que l’Arabie saoudite, Oman, le Koweït ou encore le Qatar. Les données compilées sur la plateforme Trademap indiquent, par exemple, que l’ensemble des pays de la région ont importé pour près de 2,4 milliards $ d’ovins et caprins en 2024, ce qui représente 77 % des achats totaux réalisés à l’échelle mondiale.
S’exprimant dans une interview accordée à Bloomberg le 17 octobre dernier, Qaasim Abdi Moallim, directeur de la santé animale au ministère somalien de l’Élevage, a indiqué que la Somalie a tiré parti de la baisse des parts de marché du Soudan et de l’Australie dans les pays du Golfe pour accélérer ses exportations de bétail ces dernières années. Le premier pays est affaibli depuis 2023 par un conflit qui perturbe ses circuits commerciaux, tandis que l’Australie met en œuvre une suspension progressive de ses expéditions de bétail par voie maritime d’ici 2028, au nom du bien-être animal.
Une forte capacité de renouvellement du cheptel
Plus largement, la montée en puissance de la Somalie sur le marché mondial du bétail repose également sur un renforcement de son cheptel, qui lui permet de soutenir la demande sur le marché extérieur.
D’après les dernières estimations, le cheptel somalien compte près de 56 millions de têtes de bétail, en dépit des exportations soutenues sur la dernière décennie. Les données compilées par la Banque centrale du pays indiquent qu’un total de 31,5 millions de têtes de bétail a été expédié sur le marché international entre 2018 et 2024.

Graphique : nombre de têtes de bétail vivant exportées par an depuis 2020
Cette évolution suggère une stabilité dans le renouvellement du cheptel somalien et une capacité de production suffisante pour maintenir ses exportations, soutenue par une demande régionale et extérieure en constante progression.
Il faut noter que la filière bétail en Somalie a bénéficié ces dernières années d’importants investissements publics et internationaux visant à moderniser la production et à renforcer la résilience du secteur. Parmi les projets phares figurent le programme RAAISE, lancé en 2021 pour un coût total de 17,1 millions $, financé par l’Union européenne pour améliorer les chaînes de valeur de l’élevage et de la pêche, ainsi que le projet Barwaaqo, d’un coût total de 70 millions $, financé par la Banque mondiale pour développer les infrastructures d’eau et les services pastoraux dans les zones arides.
La performance de la filière témoigne de la résilience d’un secteur essentiel à l’économie somalienne, qui a su se maintenir et se développer malgré la récurrence des sécheresses dans la Corne de l’Afrique.
Stéphanas Assocle
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