(Agence Ecofin) - Plusieurs acteurs de la société civile au Ghana ont appelé ces derniers mois à la relance de la raffinerie publique de Tema (TOR). En septembre 2025, la direction de la TOR a indiqué que les activités reprendront à partir d’octobre 2025.
Alors que se prépare la reprise des activités de la Tema Oil Refinery (TOR), suspendues depuis 2021, la question de la gouvernance économique du site revient au centre des préoccupations. Le Centre for Environmental Management and Sustainable Energy (CEMSE), un think tank basé à Accra, s’est exprimé vendredi 24 octobre sur le sujet en proposant un nouveau modèle pouvant assurer la viabilité économique de la raffinerie à long terme.
Le CEMSE a en effet réaffirmé son soutien à la relance de la TOR à travers un modèle dit du « tolling » qui consiste en un système où la raffinerie n’achète plus elle-même le pétrole brut. Elle le reçoit d’un partenaire privé qui en reste propriétaire et se charge de la vente du produit fini. TOR, de son côté, assure simplement le raffinage et perçoit des frais fixes pour ce service. Le CEMSE explique que ce schéma est déjà discuté avec des partenaires privés du secteur.
Pour appuyer sa position, le CEMSE mentionne un projet évoqué avec la société Netoil Energy Limited. Dans ce schéma, Netoil fournit le pétrole brut et en assure la commercialisation, tandis que la Tema Oil Refinery réalise le raffinage contre un paiement fixe. Évalué à environ 214 millions USD, ce projet est présenté par le think tank comme un exemple de collaboration capable de relancer l’activité sans alourdir les finances publiques.
Selon un rapport de l’Africa Centre for Energy Policy (ACEP), un institut ghanéen indépendant spécialisé dans l’analyse des politiques énergétiques, l’abandon du modèle de tolling au profit d’un système intégré où la Tema Oil Refinery (TOR) achetait et revendait elle-même les produits a aggravé sa situation financière.
Les données publiées par le ministère ghanéen de l’Énergie et le rapport financier de la TOR montrent que la dette totale de l’entreprise s’élevait à environ 517 millions USD en juin 2025. La société indique également que ses dettes dépassaient la valeur de ses actifs d’environ 5,7 milliards de cedis (environ 435 millions USD), ce qui décrit une situation financière très fragile. En 2022, la perte nette dépassait 1,6 milliard de cedis (près de 130 millions USD), selon les comptes consolidés de la société.
Malgré cette situation, la société a maintenu une activité via ses terminaux, ses installations de stockage et ses pipelines, générant des revenus issus de ces services. Dans un contexte où 77 % des produits pétroliers consommés au Ghana provenaient encore des importations au premier semestre 2024, d’après la National Petroleum Authority (NPA), la reprise annoncée des activités de la TOR apparaît comme un levier pour réduire la dépendance extérieure et préserver les devises, selon le CEMSE et les autorités ghanéennes du secteur.
Le CEMSE estime par ailleurs qu’une telle relance, encadrée par des contrats transparents et des partenaires solvables, offrirait à la raffinerie publique une stabilité financière durable et soulagerait les finances de l’État sans recourir à la privatisation.
Abdel-Latif Boureima
Édité par Wilfried ASSOGBA
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